mercredi 19 novembre 2014

New York - Jakarta - New York

Bonjour,

je reçois beaucoup de courrier de lecteurs dont celui de Nadine, originaire du Morbihan, qui me demande pourquoi je n'écris plus trop sur mon blog, ce qui la plonge je cite, "dans une déprime abyssale dont je n'arrive à m'extraire qu'en prenant quotidiennement une cuite au cidre doux". Alors Nadine, je vais vous répondre avant que votre appartement ne subisse un dégât des eaux à l'urine, même si je vous ai crée de toute pièce afin de donner une impression d'interaction à ce blog. A mon arrivée aux Etats-Unis, grâce à un CV à rallonge, mes nombreux diplômes et mon expérience à l'international, les grandes entreprises américaines ont voulu s'attacher mes services. Google, Goldman Sachs, La maison blanche, tous y sont allés de leur proposition alléchante mais "Ceci-Cela", une pâtisserie française du quartier de Nolita a su trouver les mots justes avec son " on paye au black et vous pouvez ramener les invendus à la maison". Ainsi, pour que New York demeure la ville qui ne dort jamais, j'ai vendu chaque jour des cafés dans des grands gobelets que l'on appelle ailleurs dans le monde des petits sceaux. Une certaine routine s'est installée, avec moins de voyage et donc moins de blog. Voilà Nadine, Kenavo.

Et puis un jour, l'appel de l'océan a été plus fort, comme dit Patrick Swaze dans Point Break. Alors j'ai acheté un billet d'avion pour l'Indonésie, où les copains de France se rendaient aussi. Vingt sept heures de voyage, une escale à Tokyo et le visionnage de Spiderman 1 à 12 plus tard, tout le monde descend. Sur place je retrouve la joyeuse bande. Pour plus de clarté dans le récit, nous les appellerons Mathieu, Nicolas, Raphaël et Vincent. Par un heureux hasard c'est aussi leur prénom et celui des 4 tortues ninjas, à trois exception près. Après une nuit à Jakarta en compagnie de Nicolas (déjà en vadrouille sur place), nous recueillons les autres dans un piteux état, n'ayant pas dormi depuis deux jours. Heureusement, ils auront le temps de se reposer pendant les six heures de taxi qui nous amènent à l'océan, 250 kilomètres plus loin. Six heures pour 250 kilomètres, cela peut paraître beaucoup quand on n'habite pas à Paris mais il se trouve que la politique sur les infrastructures routières et le code de la route en Indonésie ont été écris par deux copains un lendemain de cuite et ça se ressent. En mathématiciens rigoureux, ils ont imaginé des routes de la largeur exacte d'une voiture et demi, laissant au pilote qui sommeille en nous le plaisir de s'exprimer lors de chaque dépassement. L'immense majorité des 100 millions d'habitant de cette île quatre fois moins grande que la France possède un scooter, ce qui donne sur les routes principales une impression de vaste bordel bruyant et pollué. En Indonésie on roule à gauche en théorie. En pratique, on roule à gauche mais aussi à droite, au milieu, sur le bas-côté, dans le fossé ou directement sur quelqu'un d'autre (2 accidents sous nos yeux en quinze jours). On a tout de même fini par arriver à Cimaja, village de surf étalé le long d'une route très bruyante. On décide d'y passer quelques jours pour récupérer et surfer une jolie vague un peu peuplé mais pas trop. Le lendemain, malgré la fatigue, certains d'entre nous sont réveillés à 4h par les gémissements continus d'un homme qui semble s'être pris un ballon de foot dans le bas ventre. On songe à lui venir en aide mais on nous fait savoir qu'il s'agit en réalité de l'imam du village qui fait son appel à la prière.  Difficile de se rendormir tant on est séduit par le chant amplifiée de celui que l'on appellera plus tard DJ Abdullah. On se doutait déjà que Dieu était grand mais on venait d'apprendre qu'il était aussi un peu sourd. Inutile de lutter, je pars à l'eau alors qu'il fait à peine jour en empruntant un étroit chemin de terre et fais ma première rencontre avec un local. En plein milieu, barrant la route, se trouve un dragon de Komodo tout à fait hideux et terrifiant. En le voyant, j'ai un peu peur et m'apprête à faire demi-tour mais il s'enfuit en premier, ce qui me laisse penser qu'il a eu la même impression à mon sujet. C'est vexant.
Finalement, on se retrouve tous à l'eau, il fait beau, il fait chaud, il y a des vagues et les copains, on est bien.



Aéroport de Tokyo -  oui, ça n'a rien à voir

Aéroport de Tokyo: les fameuses douches/toilettes/bidets/on-s'en-fout-on-est-japonais

Deux jours plus tard, départ pour Sawarna, village bien plus charmant, où nous resterons jusqu'à la fin du séjour. Le spot est beau, la vague déroule sur 200 mètres et on se retrouve à l'eau avec 8 français, un belge et des tortues de mer. Pour trouver un logement, on est face au dilemme proximité du spot / éloignement avec la mosquée qui nous amène à trouver l'endroit parfait, "chez Andri", l'homme le plus souriant du monde. Les habitants sont d'une extrême gentillesse, on nous prend en photo, nous salue "Hello Mister!" dix fois par jour et des collégiens nous interviewent fréquemment avec leur portable. Pourquoi? Je sais pas.  A l'eau, c'est un peu surréaliste de se retrouver qu'entre francophones et très vite on lie amitié. Jusqu'à présent, nous avions peu évoqué la psychose islamiste qui aurait pu être un problème dans le premier pays musulman du monde mais elle nous revient un peu malgré nous lorsque les autres français nous confient répondre qu'ils sont suisses ou belges quand on leur demande d'où ils viennent. S'en suit alors un débat animé entre nous où on a du mal à choisir entre devenir belge ou suisse. Raphaël nous indique calmement avoir vu passer un homme avec une kalachnikov (qui s'avère être un transporteur de fonds) et lorsque l'imam lance un énième appel à la prière, Nicolas (qui s'en fout) chantonne sur le même air que lui "coupez leur les pieeeeeds, ils pourront plus surfeeeeeer ". Tout cela est vite oublié et chacun retourne à ses occupations: cartes, échecs, enlevage d'épines d'oursins à la lame de rasoir ou encore 48h de sieste pour Vincent, l'heureux élu de la gastro du séjour. En ce qui me concerne, c'est retour chez le docteur! Le scénario est assez étonnant. Je me couche à 22h puis me lève à 4h en pleine forme pour allez aux toilettes, me recouche et lorsque je me relève pour de bon trois heures  plus tard, je peux à peine plier mon dos et ma nuque. Comme au Panama. Grâce à la relation spéciale que j'ai tissé avec le corps médical, je demande avec le sourire où se trouve le médecin du village. Andri me répond qu'il y en a une mais c'est pas vraiment une médecin. Ah. C'est une infirmière alors? Mmmhh non plus. Il lève sa main horizontalement au dessus de sa tête et m'indique "docteur" puis  la baisse de 10 centimètres et dit "elle". Il me faut alors comprendre si elle est moins compétente qu'un docteur ou de plus petite taille. On m'amène en scooter au cabinet de la presque docteur. En arrivant, mon chauffeur du moment me la montre du doigt en me disant que c'est son frère. A en juger par la féminité évidente de la personne qu'il m'indique, j'en déduis qu'il devrait parfaire son anglais ou consulter un psychiatre. Mais le plus étonnant, c'est que la jeune femme est à ce moment précis installée derrière un stand de fruits et légumes. Il échangent quelques mot en indonésien, elle enlève son tablier et passe en quelques secondes de maraîchère à presque docteur. Aucun de nous deux ne parle le langue de l'autre mais on rit beaucoup et je finis par comprendre qu'elle me prescrit des anti-inflammatoires. Çà va mieux très vite, ce qui nous permet d'être à nouveau tous à l'eau les derniers jours, dans du 2,5 mètres parfait...
Puis il faut rentrer la mort dans l'âme, en France pour les uns, au Vietnam pour un autre et à New York pour moi. Tout triste certes mais avec un projet dont j'espère vous parler bientôt!

La fine équipe (moins le photographe)

 La fine équipe et la vaaaague

L'homme qui murmurait à l'oreille du riz


L'homme qui lisait le bras en l'air et le sternum rentré

Double Interview simultanée en direct live à moitié nu

 La brume qui lèche l'aurore éveille en moi un sentiment de... Oh ta gueule avec tes poèmes!

Les joueurs d'échec les plus lents du monde

 La jolie route pour aller choper internet

Une poule

 Une autre poule

Pas du tout une poule

L'enfant qu'on avait privé de chapeau pointu

  De gauche à droite et de haut en bas:
Le shaper le moins cher du monde, Nicolas, Vincent, Raphaël, Matthieu, Sylvain (moi), Andri