mercredi 19 novembre 2014

New York - Jakarta - New York

Bonjour,

je reçois beaucoup de courrier de lecteurs dont celui de Nadine, originaire du Morbihan, qui me demande pourquoi je n'écris plus trop sur mon blog, ce qui la plonge je cite, "dans une déprime abyssale dont je n'arrive à m'extraire qu'en prenant quotidiennement une cuite au cidre doux". Alors Nadine, je vais vous répondre avant que votre appartement ne subisse un dégât des eaux à l'urine, même si je vous ai crée de toute pièce afin de donner une impression d'interaction à ce blog. A mon arrivée aux Etats-Unis, grâce à un CV à rallonge, mes nombreux diplômes et mon expérience à l'international, les grandes entreprises américaines ont voulu s'attacher mes services. Google, Goldman Sachs, La maison blanche, tous y sont allés de leur proposition alléchante mais "Ceci-Cela", une pâtisserie française du quartier de Nolita a su trouver les mots justes avec son " on paye au black et vous pouvez ramener les invendus à la maison". Ainsi, pour que New York demeure la ville qui ne dort jamais, j'ai vendu chaque jour des cafés dans des grands gobelets que l'on appelle ailleurs dans le monde des petits sceaux. Une certaine routine s'est installée, avec moins de voyage et donc moins de blog. Voilà Nadine, Kenavo.

Et puis un jour, l'appel de l'océan a été plus fort, comme dit Patrick Swaze dans Point Break. Alors j'ai acheté un billet d'avion pour l'Indonésie, où les copains de France se rendaient aussi. Vingt sept heures de voyage, une escale à Tokyo et le visionnage de Spiderman 1 à 12 plus tard, tout le monde descend. Sur place je retrouve la joyeuse bande. Pour plus de clarté dans le récit, nous les appellerons Mathieu, Nicolas, Raphaël et Vincent. Par un heureux hasard c'est aussi leur prénom et celui des 4 tortues ninjas, à trois exception près. Après une nuit à Jakarta en compagnie de Nicolas (déjà en vadrouille sur place), nous recueillons les autres dans un piteux état, n'ayant pas dormi depuis deux jours. Heureusement, ils auront le temps de se reposer pendant les six heures de taxi qui nous amènent à l'océan, 250 kilomètres plus loin. Six heures pour 250 kilomètres, cela peut paraître beaucoup quand on n'habite pas à Paris mais il se trouve que la politique sur les infrastructures routières et le code de la route en Indonésie ont été écris par deux copains un lendemain de cuite et ça se ressent. En mathématiciens rigoureux, ils ont imaginé des routes de la largeur exacte d'une voiture et demi, laissant au pilote qui sommeille en nous le plaisir de s'exprimer lors de chaque dépassement. L'immense majorité des 100 millions d'habitant de cette île quatre fois moins grande que la France possède un scooter, ce qui donne sur les routes principales une impression de vaste bordel bruyant et pollué. En Indonésie on roule à gauche en théorie. En pratique, on roule à gauche mais aussi à droite, au milieu, sur le bas-côté, dans le fossé ou directement sur quelqu'un d'autre (2 accidents sous nos yeux en quinze jours). On a tout de même fini par arriver à Cimaja, village de surf étalé le long d'une route très bruyante. On décide d'y passer quelques jours pour récupérer et surfer une jolie vague un peu peuplé mais pas trop. Le lendemain, malgré la fatigue, certains d'entre nous sont réveillés à 4h par les gémissements continus d'un homme qui semble s'être pris un ballon de foot dans le bas ventre. On songe à lui venir en aide mais on nous fait savoir qu'il s'agit en réalité de l'imam du village qui fait son appel à la prière.  Difficile de se rendormir tant on est séduit par le chant amplifiée de celui que l'on appellera plus tard DJ Abdullah. On se doutait déjà que Dieu était grand mais on venait d'apprendre qu'il était aussi un peu sourd. Inutile de lutter, je pars à l'eau alors qu'il fait à peine jour en empruntant un étroit chemin de terre et fais ma première rencontre avec un local. En plein milieu, barrant la route, se trouve un dragon de Komodo tout à fait hideux et terrifiant. En le voyant, j'ai un peu peur et m'apprête à faire demi-tour mais il s'enfuit en premier, ce qui me laisse penser qu'il a eu la même impression à mon sujet. C'est vexant.
Finalement, on se retrouve tous à l'eau, il fait beau, il fait chaud, il y a des vagues et les copains, on est bien.



Aéroport de Tokyo -  oui, ça n'a rien à voir

Aéroport de Tokyo: les fameuses douches/toilettes/bidets/on-s'en-fout-on-est-japonais

Deux jours plus tard, départ pour Sawarna, village bien plus charmant, où nous resterons jusqu'à la fin du séjour. Le spot est beau, la vague déroule sur 200 mètres et on se retrouve à l'eau avec 8 français, un belge et des tortues de mer. Pour trouver un logement, on est face au dilemme proximité du spot / éloignement avec la mosquée qui nous amène à trouver l'endroit parfait, "chez Andri", l'homme le plus souriant du monde. Les habitants sont d'une extrême gentillesse, on nous prend en photo, nous salue "Hello Mister!" dix fois par jour et des collégiens nous interviewent fréquemment avec leur portable. Pourquoi? Je sais pas.  A l'eau, c'est un peu surréaliste de se retrouver qu'entre francophones et très vite on lie amitié. Jusqu'à présent, nous avions peu évoqué la psychose islamiste qui aurait pu être un problème dans le premier pays musulman du monde mais elle nous revient un peu malgré nous lorsque les autres français nous confient répondre qu'ils sont suisses ou belges quand on leur demande d'où ils viennent. S'en suit alors un débat animé entre nous où on a du mal à choisir entre devenir belge ou suisse. Raphaël nous indique calmement avoir vu passer un homme avec une kalachnikov (qui s'avère être un transporteur de fonds) et lorsque l'imam lance un énième appel à la prière, Nicolas (qui s'en fout) chantonne sur le même air que lui "coupez leur les pieeeeeds, ils pourront plus surfeeeeeer ". Tout cela est vite oublié et chacun retourne à ses occupations: cartes, échecs, enlevage d'épines d'oursins à la lame de rasoir ou encore 48h de sieste pour Vincent, l'heureux élu de la gastro du séjour. En ce qui me concerne, c'est retour chez le docteur! Le scénario est assez étonnant. Je me couche à 22h puis me lève à 4h en pleine forme pour allez aux toilettes, me recouche et lorsque je me relève pour de bon trois heures  plus tard, je peux à peine plier mon dos et ma nuque. Comme au Panama. Grâce à la relation spéciale que j'ai tissé avec le corps médical, je demande avec le sourire où se trouve le médecin du village. Andri me répond qu'il y en a une mais c'est pas vraiment une médecin. Ah. C'est une infirmière alors? Mmmhh non plus. Il lève sa main horizontalement au dessus de sa tête et m'indique "docteur" puis  la baisse de 10 centimètres et dit "elle". Il me faut alors comprendre si elle est moins compétente qu'un docteur ou de plus petite taille. On m'amène en scooter au cabinet de la presque docteur. En arrivant, mon chauffeur du moment me la montre du doigt en me disant que c'est son frère. A en juger par la féminité évidente de la personne qu'il m'indique, j'en déduis qu'il devrait parfaire son anglais ou consulter un psychiatre. Mais le plus étonnant, c'est que la jeune femme est à ce moment précis installée derrière un stand de fruits et légumes. Il échangent quelques mot en indonésien, elle enlève son tablier et passe en quelques secondes de maraîchère à presque docteur. Aucun de nous deux ne parle le langue de l'autre mais on rit beaucoup et je finis par comprendre qu'elle me prescrit des anti-inflammatoires. Çà va mieux très vite, ce qui nous permet d'être à nouveau tous à l'eau les derniers jours, dans du 2,5 mètres parfait...
Puis il faut rentrer la mort dans l'âme, en France pour les uns, au Vietnam pour un autre et à New York pour moi. Tout triste certes mais avec un projet dont j'espère vous parler bientôt!

La fine équipe (moins le photographe)

 La fine équipe et la vaaaague

L'homme qui murmurait à l'oreille du riz


L'homme qui lisait le bras en l'air et le sternum rentré

Double Interview simultanée en direct live à moitié nu

 La brume qui lèche l'aurore éveille en moi un sentiment de... Oh ta gueule avec tes poèmes!

Les joueurs d'échec les plus lents du monde

 La jolie route pour aller choper internet

Une poule

 Une autre poule

Pas du tout une poule

L'enfant qu'on avait privé de chapeau pointu

  De gauche à droite et de haut en bas:
Le shaper le moins cher du monde, Nicolas, Vincent, Raphaël, Matthieu, Sylvain (moi), Andri



mercredi 10 septembre 2014

Changement de décor

Bonjour Internet.

je viens te donner des nouvelles parce que sans ça, plus personne ne viendra te visiter et j'ai bien peur que Google fasse faillite. Or Google, c'est un peu le grand frère que je n'ai jamais eu. Il est là quand je m'ennuie et me présente des filles "tout près de chez moi" quand je me sens seul. En revanche, il faut bien être honnête, je n'ai pas grand chose à te raconter. Cela fait maintenant un mois que je suis à New York, la ville où tout est possible, même vendre des croissants et faire des cafés comme c'est le cas pour moi. Ici, les gens viennent de partout dans le monde. Mon épicier est latino, mon coiffeur est latino, mon banquier est latino et mon chauffeur de taxi a bien l'air d'être latino même si c'est difficile à dire à cause du grand ruban qu'il enroule autour de sa tête pour cacher sa calvitie. Il y a aussi quelques américains dans le lot mais ils font pas l'effort de parler espagnol alors c'est un peu pénible. Quand j'ai quitté l'Amérique Latine, j'ai laissé un tel vide que les gens m'ont tous suivi dans le quartier où j'habite actuellement, East Harlem, appelé aussi Spanish Harlem. Du coup je me sens comme à la maison. D'autant plus que je me suis fait deux copines françaises, soeur Béatrice et soeur Marie, 150 ans de tenues sexy à elles deux, à qui je ramène tous les jours quelques kilos de viennoiseries invendues. Moi aussi ça me gêne un peu que des pauvres mangent des croissants aux amendes à 4 dollars mais à vouloir tous les manger moi-même, je me réveillais la nuit en transpirant de l'huile d'amende. Sinon, j'aimerais me fondre dans la masse et ressembler à un new yorkais de Manhattan mais pour cela il faudrait que j'achète un seau de café tous les matins, que je devienne végétalien et éventuellement homosexuel. D'ailleurs, je partage mon appartement avec un couple gay très sympa qui me conseille de flirter avec les clients homos pour avoir de plus gros pourboire. Ici, il est important d'appartenir à une communauté, c'est pourquoi si je décide malgré toute la pression environnante de rester hétérosexuel, il faudra sans doute que je choisisse de devenir juif, noir ou chinois. Ils ont chacun leur avantages mais devenir juif me fera faire des économies en chirurgie puisque je possède déjà le nez adéquat. 

A part ça, pas grand chose. Alors quand je sais plus trop quoi dire, je fais comme tout le monde, j'enfile une robe et commence à écrire le journal intime fictif d'une fillette de 12 ans:

Cher journal, 

j'ai décidé de ne plus adresser la parole à Emma. Je sais qu'il y a douze Emma dans la classe mais tu vois bien de qui je veux parler. Elle fait que m'embêter, c'est vraiment une peste et une vilaine. Une salope même. Enfin heureusement en ce moment je suis amoureuse et ça me rend heureuse parce que je vais embrasser un garçon pour la première fois. Le problème c'est que je sais pas si je dois choisir Enzo, Karim ou Leo. Peut être les trois en même temps, j'ai vu sur internet que ça se faisait. Sinon je suis un peu inquiète pour papa et maman, on dirait qu'ils n'ont pas trop d'argent en ce moment. J'ai surpris une de leur conversation et apparemment ils veulent m'offrir un Iphone 5 pour mon anniversaire. Un Iphone 5 tu te rends compte? Alors que le 6 sort dans deux semaines! Mais qu'est-ce que je vais faire avec un Iphone 5 moi, j'ai 12 ans, pas 6 ans! Bon je dois te laisser parce que j'ai lu dans Cosmopolitan que les heures de sommeil avant minuit sont plus récupératrices qu'après minuit. Tant que je sais pas ce que veut dire récupératrice, je préfère pas prendre de risques. kiss kiss.

Refermons cette parenthèse quelque peu superflu et permettez-mois de vous donner des nouvelles de mon gros orteil. Rien à signaler! pas même l'apparition d'un ongle pour remplacer celui qui a été enlevé. Je suis allé sur les forums de Doctissimo et comme à chaque fois, tout le monde a un ami dont le cousin a eu la même chose et ils sont formels, c'est le cancer. Moi je pense plutôt que cela prend du temps à l'ongle de pousser depuis les doigts de la main alors je continue à y croire. D'autre part en parcourant mon blog, je me suis rendu compte que je n'avais pas beaucoup parlé des deux mois que j'ai passé en Amérique Centrale. Il faut dire que j'ai pratiquement passé mon temps à la plage car je n'avais pas mis un pied dans les vagues pendant mes 6 semaines en Colombie. D'où le peu de faits marquants à vous raconter. Mais il y a quand même quelques photos, à commencer par l'une des immenses écluses du canal de Panama où on peut voir passer des bateaux grands comme des immeubles.


Enfin pas quand on arrive 3 heures avant l'horaire de passage. 

Néanmoins j'ai visité le musée du canal, très intéressant, qui explique comment les français ont commencé le projet mais ont dû renoncer après que la fièvre jaune eut décimé 20 000 travailleurs. Un nouvel épisode embarrassant pour la France qui soulève les dérives de notre système de santé trop laxiste: une petite fièvre et hop, on se met en arrêt de travail. Ensuite les américains ont fini le boulot et ont exploité le canal jusqu'à ce que les panaméens comprennent que c'était un bon moyen de s'en mettre plein les poches (ou plein les sacs plastiques selon d'où vous venez). Ils ont même commencé à élargir le canal, pour faire passer des bateaux plus gros. Du coup, les autres pays ayant une ouverture sur les deux océans sont jaloux et c'est au tour du Nicaragua de lancer aujourd'hui la construction de son propre canal. On murmure qu'en Europe, les belges et les suisses n'entendent pas se laisser distancer de la sorte et projettent de relier la Mer du Nord au Lac Léman. Affaire à suivre.


Popoyo, Nicaragua. 

Trois semaines passées dans ce petit village qui n'existe que pour la vague qu'il offre, les vents offshore toute la journée et toute l'année. Quelques sessions magiques sous des pluies diluviennes à 4 dans l'eau, une planche cassée en deux, des wipe out rigolos, d'autres qui font mal et une soirée inoubliable à surfer des barres de 3 mètres au coucher du soleil. Et quelques bières le soir venu pour refaire le match évidemment. 

Ile d'Ométépé, deux volcans au milieu d'un lac.





Traversée Nicaragua - El Salvador : Le voyage sans fin

Cette barque symbolise la seule vrai galère de mon voyage jusqu'à présent. La grande majorité des voyageurs  qui remontent l'Amérique Centrale vont du Nicaragua au Salvador en traversant le Honduras sans s'y arrêter. Plusieurs agences de voyages proposent des bus navettes qui mettent environ neuf heures et s'occupent des formalités aux frontières d'entrée et sortie du Honduras. C'est très pratique mais il se trouve que je voulais absolument surfer un spot du Nord du Nicaragua. Une fois là bas, il était beaucoup plus logique en théorie de traverser en bateau directement vers le Salvador, ce qui avait en prime un gout d'aventure car pratiquement personne ne le fait. Le voyage porte à porte aurait dû durer cinq ou six heures, il en a duré 30. Entre temps j'ai attendu 6 heures les pêcheurs qui devaient me prendre avec eux (et leur poisson), traversé une mer abrité entourée de volcans pendant trois heures la nuit sous un très joli ciel (c'est au moins ça), ils m'ont trompé et amené à un endroit qui n'était pas celui convenu et où j'ai du passer la nuit car plus de bus. Le lendemain matin, j'ai confondu la ville où je devais retrouver mes amis avec une autre qui n'a rien à voir et dû prendre 8 bus différents pour retourner au bon endroit, le tout sous une chaleur hallucinante ( la mer est à 31°C là bas...) avec deux sac à dos et un surf. Quand j'ai finalement atteint El Tunco, au Salvador, j'aurais mordu au visage quiconque m'aurait adressé la parole. 

Le début du contentementt...


Antigua, Guatemala. Classée à l'UNESCO.



Des gens qui travaillent, quelle idée!

Le volcan je sais plus quoi

L'arche je sais plus quoi devant le volcan je sais plus quoi

mardi 29 juillet 2014

Le tourisme alternatif

Un voyage de longue durée, c'est aussi l'occasion de découvrir un pays autrement, de sortir des sentiers battus en visitant des lieux que l'on aurait délaissé lors de vacances "normales". En ce qui me concerne, après avoir vu des dizaines d'églises, villes coloniales, plages ou volcans, j'ai décidé de faire la tournée des hôpitaux. Bien sûr j'ai dû me trouver une bonne raison à chaque fois. D'abord en Equateur j'ai perdu du poids et cherché une balance pour me peser, ce qui m'a mené à un hôpital de campagne particulier, vous vous en souvenez peut-être.
Au Panama j'ai plongé d'un bateau d'1,50m de haut, dans des eaux suffisamment profondes, et pourtant en refaisant surface, mon dos et mes cervicales me signifiaient qu'ils cessaient leur fonctionnement normal pour une durée indéterminée. Chouette, retour à l’hôpital. Plus précisément à la clinique de Pedasi, sur la cote pacifique panaméenne. Arrivé là bas à 11h, j'explique mon problème en augmentant un peu la hauteur du saut pour avoir l'air moins con, et je demande si il est possible de voir un docteur. C'est évidemment possible mais elle est partie déjeuner, elle sera de retour à 14h. Que vais-je faire pendant 3 heures dans cette ville sans histoire en ne pouvant même pas tourner la tête pour traverser le route? implorent mes yeux d'occidental capricieux à la sympathique hôtesse d’accueil. Et puis je veux bien passer sur le fait qu'elle déjeune à 11h du matin mais pas sur le fait qu'il lui faut trois heures, dis-je d'un ton autoritaire à l'intérieur de ma tête. Au final, sans comprendre pourquoi, on me fait savoir qu'elle va me recevoir tout de suite et on me dirige vers une minuscule salle équipée d'une balance, d'un mètre accroché au mur et de différents outils de médecine basiques. C'est l'heure de la pesée, m'explique la grosse dame qui entre dans la salle et la rend par la même occasion encore plus étroite. Non mais moi je viens parce que j'ai mal au coup et au dos, c'est en Equateur que je voulais me peser madame, maintenant c'est bon! C'est comme ça me dit-elle, il faut me peser et me mesurer. Et après on va me faire faire mon rôt? Je monte sur la balance et le verdict tombe, 182 ! Mauvaise nouvelle, j'ai pris 100 kilos en un mois et demi. Ah non 182 livres me précise-t-on. Qu'est-ce que c'est que cette unité à la con me dis-je, que je traduis à mon interlocutrice par "combien ça fait en kilo"? Ben ça faisait mon poids normal. Ensuite je vais pour me mesurer mais il y a semble-t-il un problème de matériel pour un type d'1,92m.


Au Panama, c'est déjà assez rare de mesurer plus d'1,80m, alors au delà d'1,90m, vous êtes plus tout à fait humain. Craignant qu'il m’enchaînent pour m'exhiber dans des foires au quatre coin du pays, je lui dis que je connais ma taille et nous en restons là.
Pour clore cette nouvelle découverte de l'univers médical latino-américain, j'ai effectivement vu une médecin, qui m'a envoyé faire des radios à 2 heures de bus de son cabinet et m'a donné des anti-inflammatoires tout à fait efficaces. Si j'avais su, je serais allé sur Doctissimo.

Et puis plus rien pendant un mois. Je me suis fait piqué par 1500 moustiques qui rêvaient tous de me refiler la dingue, j'ai mangé 1000 plats à faire s'évanouir un inspecteur hygiène et salubrité, pris 100 bus à la conduite suicidaire mais fort heureusement tapissés de posters de Jésus et de sa maman, je me suis fait broyé par des vagues grandes comme ça, côtoyé les étoiles de mer pendant des secondes qui n'en finissaient pas, j'ai surfé (parait-il) pendant quelques minutes avec deux requins, et à la fin de tout ça, pas une égratignure.

Jusqu'à ce jour de Juillet au Salvador.

Petites vagues, font sableux, pas d'orage électrocuteur ou de raies qui piquent les pieds, aucun danger à priori. Cependant, en voulant remonter sur ma planche je fais un grand mouvement de brasse avec ma jambe, directement sur un caillou venu se perdre là.  Pour protester, mon gros orteil décide de s'ouvrir en deux, soulevant l'ongle au passage. Optimiste,  j'espère le voir guérir de lui-même mais après trois jours, c'est toujours dégueu. Alors je ne résiste pas, une fois arrivé au Guatemala, à retourner à l’hôpital!  J'arrive a 9h, on me reçoit à 9h01 et à 9h15, je peux rentrer chez moi avec un ongle en moins. Entre temps, j'ai tout de même le droit à une piqûre pour anesthésier l'orteil avant d'enlever l'ongle. A la vue de la taille de l'aiguille, je me permets de demander si ça va faire mal. Ma docteur, démagogue, me répond tranquillement : "Oui". Ah, bien, c'est important la franchise. Effectivement, je serre bien fort la mâchoire quand l'aiguille pénètre et encore plus quand le produit rentre dans le pied. C'est à ce moment que je découvre le potentiel comique de ma médecin. Imperturbable face à ma douleur, elle me demande:
- vous avez pleuré non?
Sans vouloir me prêter un courage que je n'ai pas, il se trouvait que non, je n'avais pas pas pleuré.
- mais merci de demander ! lui dis-je.
Elle poursuit :
- vous n'allez pas vous endormir?
- Euh non, pourquoi je m'endormirais?
- La semaine dernière j'ai enlevé deux ongles à une patiente et elle s'est endormie.
- Hein?? c'est pas bon ça non ?!
- Non non, c'était à cause de l’anesthésiant.
- Mais j'ai bien compris, c'est justement ce qui m'embête!
Elle remplit alors la seringue à nouveau.
- Y a une deuxième piqûre???
- Oui
- Parfait! elle fait aussi mal je suppose?
- Non un peu plus, c'est sous le pied, c'est plus sensible.
Elle pique, j'en chie et elle relève la tête avec un petit sourire:
-  Regardez, je suis obligé d'appuyer avec un coton sur le dessus de votre pied, sinon l'aiguille va ressortir.
- Est-ce que vous essayez de me dire que l'aiguille transperce mon pied de part en part?
- Et voilà, c'est fini!

Cela fût ma dernière visite de l'univers hospitalier latino-américain et il n'y en aura malheureusement pas d'autre car je m'envole demain pour New York. J'y ai rencontré du personnel très sympathique et à l'écoute, je n'hésiterai pas à conseiller la visite à des amis.

Pour finir, je vois beaucoup de gens poster des photos de leurs pieds sur facebook. Leurs pieds à la plage, leurs pied à la piscine, leurs pieds dans leur cul. Comme je trouve ça particulièrement insupportable, j'ai décidé de me venger. Voici mes pieds à l’hôpital:




samedi 28 juin 2014

Embarquement immédiat - dernier appel

Je suis arrivé au Nicaragua, destination finale supposée de mon voyage. Malheureusement, j'ai raté mon avion d'environ 3 semaines et ils n'ont pas voulu m'attendre. Puisque c'est ça, j'ai décidé de continuer. Comme j'en ai marre de manger des haricots et du riz, je quitterai l'Amérique Latine cet été pour aller ailleurs. 
Depuis la Colombie, j'ai traversé plusieurs pays tout petits qui auraient mieux fait de se regrouper plutôt que de nous embêter à chaque frontière. Au Panama, Costa Rica et maintenant Nicaragua, j'ai repris un rythme de surf assez... soutenu. J'ai mal partout, je suis épuisé, mais qu'est ce que ce fût bon.

En attendant de vous raconter comment un surfeur sourd et muet m'a mimé qu'il voyait deux requins à côté de nous, voici quelques photos de ces dernières semaines.

Carthagène - Colombie






Traversée Colombie - Panama


Captain John and captain Cat

On avait faim, alors je suis allé pêcher...

Quelques grosses crevettes

Les îles San Blas

Panama

Tropical baseball





Nicaragua

Popoyo, un jour où c'était petit!

mardi 3 juin 2014

Finissons en avec l'Amérique du Sud

Ca y est, je suis arrivé en Amérique centrale! C'est complètement différent de l'Amérique du Sud. Non je plaisante, c'est pareil. Précisément je suis au Panama, célèbre pour sa pâle réplique du canal du midi, le canal du Panama. Mais rembobinons un peu le cours du temps car je ne suis pas passé du fin fond de l'Amazonie au Panama en claquant des doigts. A ce sujet il m’apparaît clair aujourd'hui qu'il est impossible de faire quoi que ce soit simplement en claquant des doigts. A la limite ça fait un peu de bruit mais c'est tout. 

En rentrant de l'Amazonie, j'ai fait une longue étape a Medellín, la ville de feu Pablo Escobar et de pas encore feu Fernando Botero. Tous deux sont devenus très riches, l'un en vendant de la cocaïne, l'autre en vendant des tableaux et sculptures qui font de lui l'artiste vivant le plus cher au monde. L'un est mort criblé de balles par l’armée en s’échappant sur les toits de la ville, ce qui a permis a l'autre d'en faire un tableau. Dans les années 90, il y avait a Medellín plus de décès criminels qu'a Beyrouth, alors en guerre. Aujourd'hui c'est une des villes les plus sures d'Amérique latine. Entre temps, des gens biens ont fait de belles choses. En plein chaos, il fut décidé de construire des lignes de métros ultra modernes (les seules du pays) dont 3 téléphériques qui desservent des quartiers autrefois complètement ghetoïsés. Sept bibliothèques furent édifiées dans ces mêmes quartiers et tout un tas d'autres mesures ont sorti la ville de la tragédie qu'elle vivait. Je vous parlerais volontiers plus longtemps de ce que j'ai appris, malheureusement je n'ai bientôt plus d'encre dans mon stylo plume. Et puis je ne vais pas non plus vous raconter tout ce que je fais, d'abord parce que ça vous ennuierait et ensuite parce que j'ai pas envie d'aller en prison, comment j'aurais pu savoir qu'elle avait 16 ans? Bon je n'aime pas préciser quand j'essaye de faire des blagues mais la je pense qu'il convient de dire que ça en est une. Je pensais qu'elle en avait 17. Nouvelle tentative de blague!  Je n'arrive pas a m'arrêter. En vérité, elle faisait beaucoup plus âgée, elle avait déjà de la barbe et il me semble que Miguel est le prénom de quelqu'un qui a au moins 25 ans.
Donc Medellín, c'est vraiment une ville qui a du caractère. D'après le guide que j'ai eu l'espace d'une demi journée, la forte personnalité de ses habitants prend ses racines dans les peuples qui l'ont fondée. Je ne parle pas des indiens bien entendu qui ne comptent pas car ils sont tout petits mais des juifs persécutés en Espagne par l'Inquisition et des basques, persécutes par je n'ai pas trop bien compris qui mais sans doute par les landais. Mélanger un peuple qui glorifie le jambon cru avec un autre qui l’exècre aurait pu mal tourner et puis en fait non, ils sont devenus copains comme cochon (cochon casher bien sûr). La ville est devenu riche, d'abord grâce a l'or, puis a la culture du café et enfin a l’arrivée du train qui a fait d'elle un grand pole industriel. La drogue n'est apparu que dans les années 80 et a fait vivre un vrai cauchemar a ses habitants. Comme nous le faisait remarquer notre guide, il n'y a pas la moindre espèce de vandalisme dans les rames ou les stations du métro car c'est le symbole du renouveau de la ville, on n'y touche pas.

 Soldat de Jésus

Ca manque de neige mais c'est bien pratique

Statue de Botero : La main



Statue de Botero : je sais plus son nom

 Demi-finale du championnat Colombien: les verts ont gagné

ce qui a fâché les rouges

 Statue de Botero : Adam et Eve

 Où est Charlie?








Après Medellin, j'ai atterri à Cartagena, Carthagène en français, Carthagène une fois en belge et Cacacartatatagegegena en bègue. C'est un peu la perle des caraïbes. Son centre historique est d'ailleurs classé au patrimoine mondial de l'Unesco. 
- Julie Lescaut? 
- Non l'Unesco. voyons!
- Connais pas. 
- Eh bien l'Unesco, c'est une bande de copains cosmopolite qui de en temps se réunit autour d'un rôti de veau et d'un bon bourgogne pour décider d'un endroit de la planète qui doit être classé. Ce sont des repas ou ça picole pas mal, il faut bien le dire. Quand Jean-François veut faire goûter a Steven l'américain et Huan le chinois la gnôle que prépare son grand oncle en Savoie avec du reblochon fermenté, il arrive qu'a la fin du repas le centre ville du Havre soit inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. En revanche, quand les convives savent se tenir, ils élisent des endroits comme le centre de Carthagène. 
Pour ne rien gâcher, il se trouve que les habitants de cette ville sont très attentionnés envers les touristes. Tous les cinq mètres dans la rue, un vendeur ambulant vous propose, dans l'ordre: "Coca cola? Cerveza? Cigarro?" (pause / regard oblique/ abaissement de la voix) "Marijuana? Cocaïna? Mujeres? " Jusqu'à présent je les ai toujours arrêtés avant qu'ils ne me vendent de l’héroïne ou des mines anti-personnelles mais ça ne les empêche pas de ressayer dix fois par jour. On pourrait penser que c'est un peu pénible à la longue alors qu'en fait c'est absolument casse-couille. Heureusement, la majorité des gens est adorable, Colombie oblige, surtout depuis que j'ai un piercing à l'oreille et les cheveux très courts. Désormais, certaines personnes touchent mes fesses tous les jours, parfois même plusieurs fois par jour, ainsi que mes jambes, mon ventre et mes bras. Ils sont tous habillés pareil et il y a écrit POLICIA sur leur torse. Ils inspectent aussi minutieusement l'intérieur de mon porte-feuille, certainement à la recherche d'huiles essentielles pour continuer leur massage. C'est fort sympathique de leur part mais je les trouve un peu trop curieux parfois. Ils me demandent d'où je viens, où je vais et pourquoi mes cheveux sont plus longs sur le passeport que dans la vrai vie. Je leur réponds qu'on n'a pas encore inventé la photo d'identité qui s'adapte à a taille des cheveux, ils ne comprennent pas, et tout le monde rentre chez soi.

Si vous êtes sages et que vous finissez votre assiette, je posterai bientôt des photos de Carthagène et de la croisière qui m'a amené au Panama.

Comme on dit ici, à bientôt.