mardi 20 mai 2014

Des arbres et de l'eau

Je suis revenu de l'Amazonie, ça m'a beaucoup plus, j'y reviendrai quand je serai grand. Mais avant d'en dire plus, je tiens à faire passer un message écologique.  Ne jetez pas vos vielles armoires, y a des gens qui traversent l'Amazone avec.


En Colombie, le moyen le plus classique d'aller dans la forêt amazonienne, c'est de se rendre à Leticia, petite ville animée à la triple frontière Colombie, Pérou, Brésil. L'immense avantage que procure à la ville sa situation géographique, c'est le nombre élevé de blagues qu'on peut faire une fois sur place. "Tu préfères manger en Colombie ou au Pérou ce soir?", "il est passé où l'autre? Il est au Brésil mais il revient dans 5 minutes". Hilarant n'est-ce pas?
Leticia est une ville enclavée dans la jungle, aucune route terrestre n'y mène. On peut soit y aller en avion par un vol qui dure 2 heures depuis Bogotá (ce que j'ai fait), soit en bateau depuis Manaus au Brésil ou Iquitos au Pérou. Il est possible enfin de s'y rendre à pied via une randonné d'un ou deux ans, selon votre rythme de marche et si vous vous arrêtez pour regarder passer les anacondas. Quoi qu'il en soit, c'est une ville carrefour où le fleuve charrie quantité d'embarcations qui transportent des choses, des animaux et des gens vers les 3 pays sus-cités, mais arrêtons un peu avec le vocabulaire érotique.

Commençons au commencement et à notre arrivée sur les lieux donc. Selon de récentes statistiques, 50% des gens qui passent le pas de la porte de l'avion venant d’atterrir à Leticia auraient pour premiers mots "putain il fait chaud" tandis que les 50% restants diraient "il fait chaud putain". C'est un peu comme rentrer dans un grand hammam dans lequel on aurait mis plein de moustiques et fermé la porte à clé. Pour être en bon terme avec la population, j'ai participé dès mon arrivée à une vaste opération de don du sang destinée aux moustiques en question. Il faut avouer que c'est beaucoup plus pratique que les traditionnelles campagnes de don que l'on a en France. Personne ne vous demande si vous avez eu des rapports homosexuels dans les 3 mois précédents, pas besoin de chercher le camion de la croix rouge, on peut donner n'importe où et très peu de chances de s'entendre dire l'inutile "ouh vous avez de jolies veines vous savez". Merci, mais ce n'est rien a côté de la beauté ravageuse de votre coude. Alors certes il est rare qu'un moustique vous donne un pain au chocolat une fois la prise de sang achevée mais si vous êtes gentils, il peut vous laisser le paludisme. Ça nourrit moins mais ça réchauffe l'hiver à la montagne.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je dois confesser qu'au début, je n'étais pas très d'accord pour donner mon sang. Je sais pas vous mais moi j'ai juste ce qu'il faut en sang, j'ai jamais fait des réserves. Emporté par mon égoïsme, j'ai même acheté un répulsif anti-moustique, applicable sur la peau et qui permet à la fois de repousser les insectes et de ne pas tomber du lit puisqu'il vous colle littéralement au drap. Il faut savoir qu'il y a plusieurs types de répulsifs. Il y a les produits naturels, à base de citronnelle en général, qui ne font pas de mal à la planète, sont inoffensifs pour l'homme et disent bonjour et merci. Ce sont les répulsifs mignons. Ceux qui les utilisent et qui ont une bonne ouïe ont la chance d'assister à une scène rarissime puisqu'ils peuvent entendre le rire du moustique juste avant de se faire piquer. Ensuite il y a les produits un peu plus costauds, qui contiennent une substance appelé DEET. Le DEET a une double compétence, il est à la fois efficace et cancérigène. Au début on hésite un peu, puis lorsque on a plus assez d'ongles pour se gratter, on se baigne dans le DEET.

Après une première nuit sans histoire à Leticia, on a constitué un groupe de 5 joyeux aventuriers, francophones une fois n'est pas coutume, et nous sommes partis pour 2 jours en barque dans la jungle. C'est la saison des pluies en ce moment, ce qui rend impossible de marcher dans la forêt puisqu'il y a deux mètres d'eau. L’inconvénient, c'est que mal d'animaux se font la malle dans les terres pour être au sec. L'avantage, c'est qu'on peut littéralement naviguer dans la jungle. Y avait plein d'animaux quand même, c'était comme dans le Roi Lion, sauf que Mouphasa ne meurt pas puisqu'il n'y a pas de lions. En revanche il y avait des singes qui font les cons dans les arbres, des paresseux qui  paressent, des dauphins gris et roses selon leur orientation sexuelle, des caïmans pareil, des serpents qui font tssss avec leur langue, des piranhas 3D, des araignées qui ne s'épilent plus depuis longtemps et bien sûr des moustiques dont il faudra un jour m'expliquer l'intérêt dans le règne animal.


La fine équipe


Y en a qui pêchent à la mouche, nous on pêche à la côte de porc

Un piranha 3D

La Garonne en plus large

 Flipette le dauphin rose



 Tarzan

La piscine devant l'auberge

Foot l'été, water polo l'hiver !

Un mouton à 8 pattes

Soirée en tête à tête




Je n'avais jamais vraiment rêvé d'aller en Amazonie. Dans mon imaginaire, c'était synonyme de chaleur étouffante, d'insectes repoussants et d'à peu près tous les dangers et maladies du monde. Au hasard d'une rencontre à Cali, j'ai finalement décidé d'y aller, sans doute rassuré de ne pas m'y aventurer seul. Les photos sont sans doute plus parlantes qu'un long discours mais si je devais décrire mon ressenti, je dirais que l'Amazonie c'est beau, sauvage, étouffant et reposant à la fois, déroutant, paisible en journée, bouillonnant la nuit, humide à en fondre sous ses vêtements, sublime dans ses variations de couleurs, effrayant dans ses averses hallucinantes et au final complètement enivrant. A naviguer de longues heures sur ces fleuves, c'était assez facile de rêvasser à ce que ressentaient les premiers explorateurs qui ont pénétrés là dedans. C'est grisant, ça attire tout comme ça repousse. Voilà pour la séquence émotion, j'arrête parce que j'ai plus de mouchoirs.

Si ils passent par là, un bisous à mes compagnons d'alors: Leyla, Belgique, Robin et Django.


vendredi 9 mai 2014

Colombie Baby !

Il est important de voyager tout en se cultivant. Cela permet ensuite de briller en société en disant des choses comme " saviez-vous mademoiselle qu'en Amazonie,le remède le plus efficace contre la morsure de la chauve souris Machaca est de faire l'amour immédiatement ?" 
Fascinée par le charme irrésistible de cette histoire, la belle s'évanouit quelques secondes, juste le temps pour vous de glisser de la drogue dans son verre et de la ramener à votre appartement.

Malheureusement, il est possible que des gens mal intentionnés lui aient déjà raconté l'histoire de la chauve-souris Machaca. C'est pourquoi il est important d'avoir une deuxième corde à son arc, comme disait Robin des bois, ou une deuxième paire de lunettes à 1 euro comme disait Alain Afflelou.
Ma corde à moi c'est l'étymologie des noms des pays dans lesquels je voyage. Par exemple, je suis aujourd'hui capable d'expliquer à quiconque l'origine du nom Colombie. Contrairement à une idée reçue bien ancrée, la Colombie ne tient pas son nom de la série américaine Colombo. En réalité, elle le doit à Christophe Colomb, le célèbre navigateur qui a découvert l'Amérique avant même les indiens qui vivaient déjà dedans depuis des millénaires, les couillons. On peut s’étonner à première vue du manque de perspicacité de ces millions d'indigènes mais au regard de ce dialogue dont j'ai retrouvé la trace dans les archives espagnoles, cela prend tout son sens.

Amérique du Nord, 11 Octobre 1492, retranscription du dialogue de 3 sauvages intercepté par la vigie du navire Santa Maria à l'approche de la côte. Par la technique de lecture sur lèvres.

Cheval Intrépide: dis, Nuage De Feu, tu penses qu'on vit ou toi?
Nuage De Feu: hein? Ben dans la forêt, c'est quoi cette question?
Vieil Ongle Incarné: on mange quoi ce soir les gars?
Cheval Intrépide: du bison. Non mais je veux dire, ça s'appelle comment là où on vit?
Nuage De Feu: euh franchement j'en sais rien, mais on s'en fout un peu non?
Vieil Ongle Incarné: encore du bison, c saoulant a force! y a plein d'autre animaux partout, c'est quoi votre obsession avec le bison?!
Cheval Intrépide: ben imagine qu'un jour on croise un type qu'on connait pas, genre d'une autre tribu, le type en question est perdu et il nous demande où il se trouve. On lui répond quoi?
Nuage De Feu: ben jusqu’à présent les types des autres tribus, on les tuait non?
Cheval Intrépide: mmmh c'est vrai, mauvais exemple.
Vieil Ongle Incarné: non mais sérieux Nuage De Feu, si tu sais chasser un bison, tu peux bien attraper un cerf de temps en temps, ça nous changerait un peu non?
Cheval Intrépide: alors imagine que ça soit un type de notre tribu à nous qui s'est perdu et nous demande où il est, on va pas le tuer lui !
Nuage De Feu: mais comment tu veux qu'il se perde dans sa propre tribu?
Cheval Intrépide: ah oui c'est vrai. Mauvais exemple.
Vieil Ongle IncarnéCheval Intrépide, au lieu de choisir des exemples tous plus pourri les uns que les autres, tu pourrais pas dire a Nuage De Feu qu'on en a marre de bouffer du bison?
Cheval Intrépide: si tu continues Vieil Ongle Incarné, c'est toi qu'on va manger.
Vieil Ongle Incarné: ...
Cheval Intrépide: et si c'est une super jolie fille d'une autre tribu qui s'est perdu, tu sais bien qu'on va vouloir la renseigner elle?! Sérieux il faut donner un nom a ce grand territoire Nuage De Feu!
Nuage De Feu: écoute ... Wahou c'est quoi ces immenses bateaux qui accostent la??
Cheval Intrépide: aucune idée... je vais aller voir.
Vieil Ongle Incarné: tu peux regarder si ils ont des trucs a bouffer, genre pas du bison quoi....

Quelques minutes plus tard:

Nuage De Feu: alors qu'est-ce qu'ils ont dit??
Cheval Intrépide: j'ai presque rien compris a vrai dire. Par contre ils puent,c'est dingue.
Nuage De Feu: et ils viennent faire Quoi chez nous??
Cheval Intrépide: je sais pas trop, leur chef arrêtait pas de répéter jézou christo jézou christo mais sinon j'en sais pas plus. par contre ils m'ont dit comment ça s'appelle chez nous!
Nuage De Feu: ah bon?! Et alors?
Cheval Intrépide: ben ça s'appelle l'Amérique.
Nuage De Feu: l'Amérique?
Cheval Intrépide: oui
Vieil Ongle Incarné: pfff, moi je l'aurais appelé le pays ou on bouffe du bison matin, midi et soir.
Nuage De Feu: dans quelque temps on va t'appeler pot au feu, Vieil Ongle  Incarné. Bon c'est pas mal l'Amérique comme nom, j'aime bien. Ca fait chic je trouve
Cheval Intrépide: ça fait quoi ??
Nuage De Feu: chic
Cheval Intrépide : ça veut dire Quoi?
Nuage De Feu: je sais pas, ça m'est venu comme ça.
Vieil Ongle Incarné: wahou l'autre il invente des mots maintenant, voila ce qui arrive quand on a une alimentation mono-espèce, on a des carences, du coup on perd la boule et on se met à...
Nuage De FeuVieil Ongle Incarné, tu crains l'eau bouillante ou pas?

Il aura donc fallu l'arrivée de Chrsitophe Colomb et de ses navires pour découvrir l'Amérique et plus précisément l'actuel Bahamas. Cela étant dit, il ne mit jamais un pied en Colombie, quelle ironie n'est-ce pas? Oh ce que vous êtes fascinant mon cher! Je sais, je sais.

Me voici donc en Colombie depuis 2 semaines. Ce serait long de dire tout ce qu'il y a à dire sur ce pays. En résumé, si vous prévoyez un séjour en Amérique Latine prochainement, annulez-le et allez en Colombie a la place. En ce qui me concerne, j'ai passé une dizaine de jours à Cali, capitale mondiale de la Salsa, où des gringos de mon espèce essaient de danser avec les os soudés pendant que les locaux balancent leurs fesses 4 mètres plus loin que leur buste. Rien que pour l'ambiance, il faut passer quelques jours à Cali, même il y a des villes plus jolies en Colombie.









Ensuite, on est parti à Salento, petite bourgade niché en plein coeur de la zona cafetera, la principale région productrice de café en Colombie. Promenade dans les champs, visite d'un petit producteur avec les explications qui vont bien, c'était top. J'ai même pu travailler mon anglais-espagnol en traduisant les questions d'un jeune anglais et les réponses du cultivateur à ce dernier. David, que nous appellerons comme ça parce que c'est son prénom était un chic type mais il aimait un peu trop les questions cons. Le problème, c'est que comme je faisais office de traducteur, ses questions cons à lui sortaient de ma bouche à moi. Ainsi j'ai dû demander combien de café était récolté chaque jour, non pas en poids (ce qui aurait du sens) mais en nombre de tasses de cafés... Embarras simultané du vieil homme et de moi-même qui a finalement peu duré puisque David a ensuite tenu à me faire traduire la chose suivante. Il travaillait avant son voyage chez Starbucks coffee à Londres et servait tous les jours du café colombien, c'est pourquoi il ressentait une certaine émotion à se trouver aujourd'hui à la source des fameuses graines. Je n'ai pas tout de suite essayé de lui dire que l'homme en face de nous vivait au milieu de nulle part, travaillait avec des coopératives locales et n'avait sans doute jamais entendu parler de Starbukcs coffee. Lorsqu'il me confirma sa méconnaissance de la chaîne américaine et que je l'eus traduit à David, il sembla que le monde s'écroulait autour de lui. Mais comment...que...enfin Starbucks coffee quoi... Oui mais non David, regarde autour de toi, il y a des champs, des poules et des bananiers. 



Salento, petite ville coloniale



Berk

Berk Berk


Ca y est j'ai vomi


Champ de café


Les copaingues


Colibris

En bref, même si il n'y a pas de surf en ce moment, la Colombie est un pays où on se sent vraiment bien. Après Salento, nous avons décidé en 1h de prendre un avion depuis Bogotá pour aller à Leticia, la ville à la triple frontière Colombie, Pérou, Brésil qui n'est accessible qu'en avion car elle est située en plein cœur de l'Amazonie. J'en reviens à peine, c'était sacrément intense et il me tarde de vous montrer les photos.