dimanche 20 avril 2014

Combien ça coûte? Ton corps !

Plusieurs pays dans le monde sont traversés par la ligne de l'Equateur qui partage la planète en deux hémisphères Nord/Sud. Pourtant un seul d'entre eux s'est octroyé le nom de cette ligne pour se nommer lui-même, l'Equateur donc. En général, un pays tient son nom d'un fait historique, culturel ou ethnique qui lui est propre. Les français s'appellent les français parce qu'ils ont autrefois été envahi par les francs, les marocains parce que c'est aussi le nom de la résine de cannabis qu'ils produisent en masse et les japonais tiennent leur appellation de leur nourriture. " veux-tu bouffer japonais chéri ce soir? ", peut-t-on entendre fréquemment un peu partout dans le monde.

En conclusion, les équatoriens sont des gens qui manquent cruellement d'imagination.
Et de balance pour se peser aussi.
Voilà une transition de piètre qualité mais tout à fait efficace pour vous annoncer le sujet de cet article trépidant: la recherche d'une balance en Equateur.

Revenons à la source du problème. Un matin j'ai enfilé un short et il tombé directement à mes pieds. Alors je l'ai remis au niveau de ma taille et il est tombé à nouveau. Je l'ai remonté mais il est retombé. Après avoir répété l'opération 4 ou 5 fois, je me suis concentré très fort et j'ai compris qu'il me fallait mettre une ceinture. Oui mais avant je n'avais pas besoin de ceinture pour ce short, pensais-je, perturbé. Comme à chaque fois que j'ai un souci, j'ai décidé d'aller me brosser les dents. En me regardant dans le miroir de la salle de bain, je me suis rendu compte que mes joues étaient tellement creuses qu'elles se touchaient de l'intérieur*. C'est alors que sans le vouloir, j'ai prononcé à voix haute cette phrase lourde de conséquence "putin, faut vraiment que je me pèse". D'où ma recherche de balance.

A partir de ce moment-là, tout est devenu très compliqué. J'ai demandé à mon hotel, ils m'ont dit que non ils n'en avaient pas. Ah si il y a cette fille argentine qui pèse son chien tous les jours, elle en a une. Mais pourquoi elle pèse son... Bref où puis-je la trouver? Elle vient de partir pour Quito. Mmmh 9h de bus pour se peser, ça fait beaucoup. Sinon faut aller à Puerto Lopez, à 30 mn de bus. C'est gentil mais je vais finir par trouver ici. La moitié des gens sont obèses dans ce village, ils doivent bien avoir une balance chez eux! Ca n'a fait rire personne. 
J'ai demandé à l'épicerie du coin, au centre de yoga, aux loueurs de surf, aux vieux assis devant leur porte, pas de balance. Les gens de ce pays se tapent complètement de savoir combien ils pèsent, c'est un fait. Alors je suis allé à Puerto Lopez, ville la plus proche. Muni de ma logique européenne, j'ai d'abord essayé les nombreuses pharmacies. A chaque fois, le même sourire mi-compatissant mi-"mais il est bizarre lui" pour me dire que ce n'est pas le lieu pour trouver une balance. L'impression de demander une baguette chez un garagiste en quelque sorte. Lassé de ces échecs à répétition, je me suis arrêté dans une rue pour faire le point. Lentement, je me suis passé la main dans les cheveux, puis sur la barbe et tout à coup, j'ai réalisé: hey mais faudrait penser à se raser un jour. 

Mon petit plaisir quand je voyage dans certains pays, c'est d'aller chez le barbier. Ca n'existe pratiquement plus en France et c'est bien dommage. C'est un environnement d'hommes où la testostérone suinte des murs. Ici pas besoin de se dire bonjour, un simple hochement de tête suffit. Dans la vie il y a un temps pour la rigolade et un temps pour les choses graves, qui se traitent entre hommes. Le barbier fait partie de ces instants. 
J'ai demandé à un brave type dans la rue où je pourrais me faire raser la barbe et il m'a amené au plus proche salon. En chemin, il a tenu à me prévenir "todos son gays sabes" = " ils sont tous gays tu sais". Et moi de le rassurer que je n'ai rien contre et que de toute façon c'est un peu pareil chez nous. Alors nous avons passé le pas de la porte et j'ai dis bonjour à ces messieurs. Mesdames. Messieurs. Merde y a un truc qui m'échappe là. Mon cerveau n'arrivait pas à traiter les messages contradictoires que lui délivraient mes yeux. Tous les employés avaient clairement des visages d'hommes et tout aussi clairement des habits de femmes. Les mêmes que les anglaises qui sortent le samedi soir. Des travestis donc. A cet instant, j'ai cessé d'avancer, plus très sûr de savoir où j'avais mis les pieds. Puis je me suis dit que ce serait tout bénef, le savoir-faire d'un homme qui s'y connait en rasage (surtout lui) allié à la douceur des gestes d'une femme.

mon ravissant barbier

Passé ce moment embarrassant où une femme qui sent l'homme s'approche tout près de votre bouche avec une lame de rasoir, je dois dire que tout s'est bien passé. D'ailleurs il (elle?) faisait ça très bien. Pour être sûr d'enlever le moindre poil, il enlevait aussi la peau. A la fin, j'étais rasé de près et de légères taches rouges s'agrandissaient au fur et à mesure sur mon visage. C'est normalement à cet instant que le barbier sérieux vous frotte une pierre sur la peau, assez désagréable mais qui désinfecte et arrête tout saignement. Mon barbier à moi avait déjà enlevé la serviette autour de mon coup et était en train de faire une lap dance au client jute à coté qui lui avait donné un généreux pour-boire ( vrai de vrai ). Gêné d'interrompre un si joyeux moment, j'ose néanmoins demander "cuanto cobras" = "combien ça coûte" auquel on me répond "tu cuerpo" = "ton corps". Ne connaissant pas la valeur exacte de mon corps, j'ai préféré payer 4 dollars avec des pièces de monnaie et suis parti de ce salon un peu spécial. J'avais une balance à trouver.

Et j'ai fini par la trouver. Les pharmaciens moqueurs qui n'avaient pas de balance m'avaient cependant tous redirigés vers le même endroit, l’hôpital public. Sachez-le, en Equateur pour se peser, il faut aller à l’hôpital. Pour un verre d'eau, vous pouvez aller voir les pompiers aussi. 
Donc j'y suis allé, à l’hôpital public. Un dimanche, c'est plus convivial. Sauf que c'était fermé. Mais pas les urgences évidemment. Problème, peut-ont réellement considérer la volonté de se peser comme une urgence médicale? Non on ne peut décemment pas. Du coup je m'inventerai un truc qui va pas. Ok on fait comme ça. 
Arrivé dans la salle d'attente, seule une mamie se trouve là et elle n'a pas l'air du tout mal en point. Elle doit accompagner un proche. Je me remémore alors les urgences en France et les 400 heures que j'y ai passées puis je jette un coup d’œil à la salle d'attente vide et souris de plaisir. Plaisir de courte durée. Tout à coup une femme enceinte déboule. Elle est maintenue par ses proches et en juger par la taille de son ventre, soit elle attend des triplés, soit elle est enceinte de 15 mois. Elle n'a vraiment pas l'air bien et je commence à me dire qu'il va falloir que je la laisse passer devant moi. C'est alors qu'arrive une 2ème femme enceinte, à peine 5 minutes plus tard. Cette fois on me la fait pas, je comprends de suite qu'elle a mis des coussins sous son t-shirt et qu'elle vient simplement pour un rhume. Pour m'en assurer je lui donne un grand coup de poing dans le ventre. Non j'ai pas fait ça mais je me suis imaginé le faire et j'ai ri de la scène tout seul dans la salle d'attente. A cet instant, le seul médecin de garde est occupé avec deux femmes enceintes et à voir sa mine préoccupée, il n'est pas sûr qu'il réponde favorablement à ma demande de pesée. En plus de ça, l'endroit devient très rapidement une grande foire. Un jeune arrive avec l'arcade défoncée, un autre a le visage plus blanc que mes fesses en plein hiver et tient à peine debout et tout plein d'autres pathologies que j'ignore viennent remplir la salle d'attente. Le médecin étant occupé, une secouriste commence à détecter les malades prioritaires. Je redoute le moment où elle va me demander ce que j'ai et quand celui-ci arrive, je dis timidement, de manière à peine audible " j'ai un peu mal au ventre mais ça va aller ". Elle se met alors à prendre la tension du jeune fantôme et lorsqu'elle termine, je me dis que j'aimerais vraiment pas voir ce regard qu'elle jette au cadran chez quelqu'un qui prend ma tension. Je pensais pas que des yeux pouvaient sortir si loin de leur orbite. Bon lui il est prioritaire apparemment.
Dans la foulée survint un de ces moments jubilatoires dont l'espèce humaine a le secret. En une fraction de seconde la quasi totalité de la salle d'attente a voulu que la  secouriste déjà débordée lui prenne la tension. "Moi s'il vous plait!" , "moi aussi j'en ai besoin!", "ici aussi faut la prendre à ma mère". Enivré par cette hystérie collective, je me suis vu hésiter à demander aussi alors que je venais pour me peser. C'est con un homme non? Ou JE suis con peut-être? difficile à croire tout de même.

Ah oui au final j'ai réussi à connaître mon poids en revenant le lendemain. 80kg au lieu de 84kg. J'étais un peu déçu à vrai dire, je m'attendais à pire. Depuis je mange un poulet par jour, bec et pattes comprises.

Pour le petit point géographique bison futé, j'étais censé aller en Colombie après quelques jours passés à Quito mais finalement je suis revenu à la plage. En attendant, voici quelques photos de Quito, ville assez surprenante.

that's what she said

















1 commentaire:

  1. Super texte je me poile mais j essai de ne pas réveiller K mais c est dur... et super photos. Faut éditer tout ca!

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